Jeudi 30 juillet 2020, Ranville (Calvados, département 14) – JOUR 24
Comme promis à la fin de l’article précédent, parlons un peu de Honfleur : ville d’environ 7 000 habitants, elle marque le départ de la Côte de Grâce qui s’étend à l’ouest jusqu’à Trouville-sur-Mer. Si comme moi tu aimerais savoir d’où viennent tous ces noms de côtes célèbres, je te conseille cet article très intéressant sur le sujet.
Située à 3 heures de route de Paris (via la N12), réputée pour son Vieux Bassin (c’est le nom du port), dont certaines maisons qui l’entourent sont recouvertes d’ardoise, Honfleur fut une des rares villes, avec Bayeux (très jolie aussi Bayeux), à ne pas avoir été bombardée pendant le Débarquement. Elle garde donc son côté pittoresque, très prisé des touristes.
Honfleur est également célèbre pour avoir accueilli de nombreux peintres de renom, qui formèrent l’école de Honfleur au 19ème siècle, et pour être aussi la ville de naissance d’un certain Erik Satie, un de nos nombreux compositeurs nationaux de l’époque (avec Debussy, Ravel, Fauré et Saint-Saëns notamment, Poulenc un peu plus tard… Des hommes à qui l’on doit beaucoup) !
En fait, ce que j’essaie de dire un peu maladroitement, c’est que cette partie de la France a été, comme souvent grâce à la révolution du chemin de fer, un haut lieu de Culture et de tourisme (c’est toujours le cas, du moins pour le tourisme !). Les lecteurs en quête d’inspiration auront donc intérêt à s’y rendre, et devraient ne pas être déçus !

Voilà pour l’introduction, on va pouvoir remonter sur la bécane, enfiler ses lunettes de soleil Robocop, mettre sa casquette ridicule, ses gants, son casque, et longer la côte vers l’ouest !

Ce matin, j’ai grugé la véloroute, car je n’avais guère envie de me taper un détour (Thuglife !). Pour quoi faire un détour quand on peut l’éviter n’est-ce pas ?

Itinéraire bleu clair = au diable l’itinéraire bleu foncé !
En réalité, j’ai grugé cette partie de route parce que je suis parti assez tôt, et que je ne risquais pas de croiser beaucoup de voitures sur la route que j’ai prise à la place (qui est la route principale pour rejoindre Deauville). Si ça avait été sur une grosse départementale, je pense que j’aurais choisi la sécurité. Un bon conseil, toujours privilégier la sécurité au temps de parcours ! Par ailleurs, j’ai peut-être raté de jolies choses, tant pis pour moi !
Enfin peu importe, j’ai longé la côte, dite de Grâce, qui n’est pas bien longue, d’abord par Pennedepie, puis Cricqueboeuf, Villerville, et enfin jusqu’à Trouville-sur-Mer. A Trouville, je me suis arrêté dans une boulangerie pour manger une tarte aux abricots, et regarder un peu autour de moi en cette jolie matinée de la fin du mois de juillet : le casino Barrière (le groupe Barrière possède de nombreux casinos et hôtels dans le monde, mais principalement en France), le fleuve Touques qui se jette dans la Manche un peu plus loin, mais pas grand-chose d’autre que mon regard n’a accroché, dans l’immédiat.
J’ai traversé la Touques, et suis arrivé à Deauville, juste de l’autre côté du fleuve.
21ème arrondissement de Paris qu’on la surnomme. Je serais bien resté visiter un peu, car comme tout le monde j’en ai beaucoup entendu parler de Deauville, notamment du festival. Mais bon, comme toujours je devais avancer (objectif de la journée : Caen), aussi me suis-je contenté de traverser la ville côté plage.
J’ai eu un aperçu tout de même de la ville : des bâtiments à colombage, mais beaucoup de monde, et surtout des hôtels immenses… On aime ou on n’aime pas ! Sans doute une ville agréable quand on est aisé, amateur de courses hippiques et de bons hôtels !
C’était sans doute plus charmant avant que les immeubles résidentiels construits après-guerre ne prennent place aux vieilles villas… Enfin bon, c’est mon humble avis !
Nous voilà donc sur la fameuse côte, dite « Côte Fleurie », que j’ai donc commencé à longer, avec la plage à ma droite, immense, et les gros hôtels sur ma gauche. Il faut reconnaître que l’hôtel « le Royal » est é-norme !
A la sortie de Deauville, ça grimpait de ouf ! Et avec la chaleur, autant vous dire que la sueur coulait à flots ! Heureusement après les montées on a les descentes, ça permettait d’aérer un peu !
Des hauts et de bas sur ce côté de cette côte-ci (répétez ces derniers mots en boucle si vous êtes joueur), par contre il y avait énormément de trafic, sans surprise dans les environs de Deauville en cette période ! Donc pas terrible de rouler dans le coin.
J’ai poursuivi ma route pour arriver à Houlgate, où je me suis arrêté déjeuner à côté des petits cabanons en bois, dans l’ombre des grosses et jolies maisons construites au bord de la plage. Au fur et à mesure que le soleil montait dans le ciel, il fallait que je monte les marches d’escalier sur lesquelles je m’étais assis, pour suivre le mouvement et pouvoir rester dans la fraîcheur de l’ombre ! Comme ce sont mes seuls moments de la journée à l’ombre, autant en profiter !
Après le repas, j’ai poursuivi le long de la côte en passant dans les petites rues de Houlgate, bordées de très jolies villas, puis j’ai traversé Dives-sur-Mer, puis Cabourg, autre haut lieu de la bourgeoisie européenne de la fin du 19ème et de l’entre-deux-guerres. En témoignent son Grand Hôtel, son hippodrome, son casino, et ses belles plages.

La deuxième partie de l’après-midi était sympa, plus sauvage. Des grands espaces, type marais. J’ai eu droit carrément des pistes dans un revêtement sableux, si je puis dire, ce que j’adore car je pouvais aller à fond les ballons en dérapant un peu ! Ça m’a rappelé quand j’étais gamin et que j’adorais que la roue arrière du vélo fasse de la poussière derrière moi ! Mais, c’était avant !
Dans ces grandes étendues, des observatoires sont construits pour permettre l’observation des oiseaux du coin ! J’ai fait une halte, mais il faut un peu plus de 20 secondes pour voir des choses (le mec est trop pressé quoi !)… Au moins j’aurais vu les oiseaux sur les pancartes indicatives ! Autant vous dire qu’on ne soupçonne pas un instant le nombre d’espèces que l’on peut rencontrer sur son chemin !
Finalement, après un petit passage dans la campagne au niveau de l’estuaire de l’Orne, j’ai déboulé sur le canal de Caen à la Mer, parallèle à l’Orne, que j’ai longé jusqu’à l’entrée de Caen. C’était tout droit sur 10 kilomètres, j’avais un petit vent dans le dos, je vous ai fait ça à une vitesse ! …

… Avant de m’apercevoir qu’il n’y avait aucun camping à proximité immédiate de la ville ! Oh là là, le mauvais élève, il a mal préparé sa journée ! En même temps, c’était du genre 15h30, je ne pensais pas que j’aurais atteint mon objectif si vite ! J’avais donc le temps de changer de plan.
Ce n’est pas grave, je n’en étais pas à 10 km près ! J’ai donc fait demi-tour, j’ai relongé le canal, et j’ai finalement posé le vélo dans un petit camping sympa, à Ranville, qui ne m’avait pas trop l’air fréquenté. J’avais possibilité de remonter plus au nord, jusqu’à Ouistreham, au bord de mer, mais je n’avais pas envie de me retrouver dans un camping bondé de gamins qui hurlent dans la piscine…
Pendant que je faisais les papiers pour prendre un emplacement, à l’accueil, la vieille dame qui gère le camping m’a surpris : elle nettoyait systématiquement avec un désinfectant tout ce que lui remettaient ses clients : monnaie, pièces d’identité, billets etc. Ça prenait un temps ! Mais, n’étant pas pressé, j’ai trouvé cela plutôt cocasse !
Comme je suis arrivé tôt, vers 16 heures, j’ai pris mon temps, je me suis allongé tranquille sur mon matelas, histoire de faire semblant de m’étirer. Il faisait vraiment chaud, je pense qu’on n’a pas été loin de la canicule ! Je ne vous raconte pas la température dans la tente, heureusement que j’ai 2 ouvertures (car j’ai pris une tente 2 places) et que ça fait un semblant de courant d’air !
J’ai nettoyé mon vélo (je le bichonne !), la chaîne, les pignons, et j’ai remis un coup de lubrifiant. C’est important de bien entretenir son vélo les amis !
J’ai ensuite marché jusqu’au centre-ville pour faire quelques courses, sous un cagnard, je ne vous raconte pas ! J’ai trouvé un garage, j’ai pu faire le plein de tout ce dont j’avais besoin (essence, huile de moteur, nouveaux pneus)… Je plaisante, pardi ! J’espère que tu n’es pas tombé dans le panneau !
J’ai donc trouvé un petit Carrefour, où j’ai refait le plein de victuailles. J’ai arrêté les sachets de nourriture lyophilisée, je préfère me préparer ma popote, même le midi (j’ai que ça à faire de toute façon !).
Aux caisses automatiques, 2 jeunes, qui m’avaient l’air complètement drogué à l’alcool, voire pire, se sont fait choper en train d’essayer de piquer une bouteille, les cons ! « Ah, j’avais pas vu m’sieur, excusez-moi m’sieur »… Ahhhh là là (soupir d’exaspération) !!
De retour au camping, comme j’avais besoin de recharger mon téléphone, et que les sanitaires ne disposaient pas de prise électrique, j’ai demandé à un couple de retraités s’ils avaient l’amabilité de me fournir un peu de courant électrique. Ils m’avaient l’air réticent, car après tout pourquoi eux paieraient un forfait électricité et pas moi ? Je leur ai répondu que, dormant en tente, je n’en possédais pas de câble CEE, ni d’adaptateur de quoi que ce soit, car ça ne m’était pas utile. Ils ont finalement accepté, et au final… On a pris l’apéro ensemble (je leur ai donné ma bouteille de cidre que je comptais boire, tellement je suis sympa hé hé hé) !
Au fil de la discussion, j’ai appris que le monsieur était ancien batelier (terme que j’ignorais, connu également sous le nom de « marinier »), c’est-à-dire ces personnes dont le métier est de piloter des bateaux sur les rivières et canaux. Pour l’anecdote : avant la mécanisation généralisée des machines, notamment fluviales, c’étaient les hommes et les bêtes qui avaient la lourde tâche (c’est le cas de le dire) de tirer les bateaux le long des rivières et canaux. On les appelait les « haleurs » (terme qui vient des chemins de halage, prévus à cette occasion, dont beaucoup sont convertis aujourd’hui en voies vertes, pour le plus grand plaisir des piétons et cyclistes !), et croyez-moi, ça n’était pas une mince affaire. Le haleur/batelier pouvait se retrouver, seul, à tracter un bateau de 300 tonnes, plusieurs heures d’affilée dans une même journée. Quand on sait cela, on relativise pas mal l’effort à fournir pour déplacer son vélo et ses bagages sur une centaine de kilomètres à la journée !
Voilà pour l’anecdote !
Je pense que je vais prendre un jour de congé demain, et rester visiter Caen. Ce sera la première fois durant ce voyage que je reste une deuxième nuit dans le même camping !