Mercredi 29 juillet 2020, Honfleur (Calvados, département 14) – JOUR 23
Grosse journée aujourd’hui, je suis content de moi ! J’ai tracé d’ailleurs ! Je me demande même si je n’ai pas eu le vent un peu dans le dos… Ça change un peu (confère la journée d’hier…) !
Ce matin j’ai fait une première halte à côté de l’église Notre-Dame-du-Salut, qui surplombe la ville de Fécamp. Là, il y avait vraiment un accès aux falaises, et on pouvait enfin se pencher un peu – mais pas trop – pour voir la mer en contrebas ! Il y avait un soleil magnifique en plus !


Après avoir observé la mer de tout mon soûl, je suis reparti, j’ai descendu à balle la falaise – comme à chaque fois – et je suis arrivé à Fécamp, autre station balnéaire de l’époque, où j’ai fait une halte rapide. Un joli port de pêche comme on dit !
Fécamp qui fut d’ailleurs, jusqu’au milieu du siècle dernier, le 2ème plus gros port morutier français derrière celui de Saint-Malo.
Je ne me suis pas arrêté longtemps, j’ai simplement fait halte dans 2 églises. J’aime bien visiter les églises quand je peux, ce sont vraiment des bâtiments tous différents, et vraiment jolis (à l’époque on savait travailler de nos mains !). En plus, il y fait frais !
A ne pas manquer si vous êtes de passage à Fécamp, et que vous avez plus de temps que moi : l’abbatiale de la Sainte-Trinité, le palais Bénédictine, et la plage, bien sûr !

Ensuite, j’ai rejoint Etretat, village célèbre pour ses falaises d’Amont et d’Aval, blindé de touristes ! Il faut reconnaître que la forme de ces falaises est tout à fait originale ! Ça m’a l’air unique, sur cette partie de la côte en tout cas.
Par ailleurs, c’est bien sympa de se promener dans le village, avec la plage à côté qui donne sur l’Arche et l’Aiguille. Je suis resté une bonne demi-heure sur un banc, le long de la plage, à admirer les jolies falaises, à regarder les touristes, et à me reposer un peu.


J’ai mangé une saucisse cuite au feu de bois dans un restaurant – miam miam – et j’ai ensuite continué mon chemin jusqu’à l’étape suivante : la ville portuaire du Havre !
Grosse ville le Havre. Avant de rejoindre le centre, j’ai dû traverser la banlieue, pas bien jolie j’ai trouvé. C’est le privilège d’arriver en vélo, on voit toute la ville, pour le pire et le meilleur (en tout cas tout le côté par où on arrive) !
Je me suis donc dirigé vers le centre, et j’ai pu admirer l’étendue, immense, de la zone industrielle et portuaire du Havre. Le génie humain, quoi. Des réservoirs, des flammes dans le ciel, des cheminées, des grues en pagaille ! Toutes ces années de recherche, de construction, d’aménagement, c’est quand même pas rien ! Bien sûr, on peut ne pas aimer le côté industriel d’un endroit, par rapport au côté centre-ville, mais il faut reconnaître que c’est l’aboutissement de la réunion de nombreux corps de métiers dans un même endroit. C’est l’ingénieur qui parle…

J’ai donc descendu la falaise pour rejoindre le centre-ville, que j’ai rapidement traversé, pour arriver sur une grande esplanade au bord de l’eau, à côté de jeunes qui faisaient du skateboard. Comme je ne savais pas où j’allais me poser le soir, je suis resté quelques minutes checker les campings les plus proches.
Et il se trouve que c’était à Honfleur que les plus proches se trouvaient ! Et pour rejoindre Honfleur, il faut traverser la Seine ! Et qui dit traverser un fleuve, dit « pont » ! Vous l’aurez compris, j’ai dû traverser le fameux Pont de Normandie, qui permet depuis 1995 d’éviter de rentrer plus à l’intérieur des terres et de prendre le pont de Tancarville.
Alors calme-toi, avant de rejoindre le pont, il faut commencer par traverser le port.
Le port maritime du Havre n’est pas le plus grand port de France – deuxième derrière celui de Marseille, peuchère – mais les amis, il faut quand même ne pas être pressé pour le traverser ! Et autant vous dire qu’un GPS est fortement conseillé, tellement il y a de routes, de zones, de magasins, de neuf, de reconstruit, d’ancien, c’est de la folie !
Parce que c’est pas tellement aménagé pour les vélos, mais plutôt pour les voitures et les poids lourds. Donc évidemment, ça m’est arrivé de me retrouver sur des routes un peu douteuses, pour mon 2-roues et mes petites jambes (attends, elles sont musclées mes jambes !), mais j’ai quand même réussi à rejoindre une route qui indiquait le pont de Normandie – grâce à Komoot, merci Komoot !

A un moment je me suis retrouvé coincé par une manœuvre d’écluse. Mais pas une écluse de seconde zone là, hein, une écluse de paquebot carrément ! En réalité, et je ne le savais pas sur le moment, il s’agit de la plus grande écluse de France, l’écluse François 1er ! C’était même, après sa mise en service en 1971 la plus grosse écluse du monde ! 401 mètres de long, 67 mètres de large, et 22,5 mètres de profondeur !
Donc je ne vous raconte pas le temps que ça a pris avant que les gros navires atteignent le bon niveau avant de repartir rejoindre la mer. Pour ceux que ça intéresse, des infos sur la rénovation de cette écluse qui date de 2015 sont dispos ici.
Ça m’a permis de demander à un couple qui attendait dans leur voiture un peu d’eau, car j’ai mal anticipé là, j’étais à sec ! Et ça cognait !

Après avoir rougi de la peau, j’ai donc traversé le canal par le pont, et j’ai trouvé une piste cyclable, enfin ! Car cette route m’avait l’air très fréquentée, donc très dangereuse !
Après quelques centaines de mètres, la piste cyclable disparait… Comme ça, soudainement ! Donc tu te retrouves à pédaler sur une départementale, au milieu des poids lourds. Je n’ai jamais vu autant de poids lourds que sur cette route, c’était de la folie furieuse ! Un défilé permanent, tous à 90 km/h, VROUUUUM, VROUUUM ! Vous me direz, ils ont le droit d’être là, mais c’est bizarre l’aménagement pour vélos…
J’ai préféré faire une pause pour finir toutes mes provisions, car je me suis dit que j’avais besoin de sucre pour rester concentré (looool), avant de me réengager sur la route de l’enfer, et après quelques centaines de mètres, voilà la piste cyclable qui recommence… J’avoue ne pas avoir compris comment ils avaient aménagé l’espace pour vélos…
Enfin bref, voilà le pont de Normandie qui apparaît au loin ! Qu’il est beau, avec ses 2 pylônes et ses haubans ! J’ai hâte de me retrouver dessus !

Après les derniers kilomètres routiers et bruyants me séparant du pont, j’ai finalement rejoint l’entrée de celui-ci, et je me suis engagé. Il y avait des travaux sur les 2*2 voies que compte le pont, seule une était ouverte. Je me suis donc retrouvé sur la minuscule – mais existante – piste cyclable, séparée de la route par une maigre bordure béton, à rouler en sens inverse par rapport à la désormais unique file de voitures et poids lourds…
Comme d’habitude, dès qu’on croise un poids lourd on se prend tout le mouvement d’air créé par son déplacement dans la tronche, et quand on roule avec un vélo chargé, il faut avoir les bras solides ! Je me suis donc accroché, et j’ai commencé à gravir la côte. La côte, mais quelle côte ? La côte d’Azur, la côte d’Ivoire ? Non non, la côte qui permet de parcourir la première moitié du pont ! Car le tablier (la partie sur laquelle les usagers circulent) est courbe, et la partie la plus haute culmine tout de même à 60 mètres d’altitude ! Est-ce pour des raisons structurelles, et/ou pour laisser passer les gros bateaux en-dessous, je l’ignore ! Au « sommet », je me suis autorisé une pause, pour quand même profiter de la superbe vue qui s’offrait à moi. L’estuaire de la Seine sur ma gauche, et la Manche sur ma droite, joli ! J’ai aussi regardé les pylônes au-dessus de moi, qui culminent à 210 mètres (hauteur de la Tour Montparnasse) ! C’est tellement haut, comment ont-ils bien pu construire un truc pareil (oui, avec des grues !) ?

Le pont de Normandie, exploité jusqu’en 2027 par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Havre, a été une prouesse technologique, et fût le plus grand pont à haubans du monde au moment de son inauguration en 1995 ! Capable de résister à des vents de 300 km/h, sa portée est de 856 m ! Plus de détails sur sa structure ici.
En France, on est très bons dans le BTP (ce chantier a été réalisé par les entreprises Bouygues, Campenon-Bernard, Dumez, Grands Travaux Marseille, Spie Batignolles, Quillery et Sogea, dont beaucoup sont devenues des filiales de Vinci, le leader français de la construction), on a un gros savoir-faire, qui ne date pas d’hier, quand on sait que ces sont des entreprises françaises qui ont produit par exemple l’ingénierie des canaux de Suez et de Panama au 19ème siècle, ce n’est pas rien ! Plein d’informations sur le recensement et les histoires autour des ouvrages construits par des entreprises françaises à l’étranger, tellement on est beau et fort, ici !
Enfin bon, je considère que ça fait partie des points positifs du progrès des Sciences de l’ingénieur. Permettre, dans le cadre d’un pont, d’éviter à des dizaines de milliers d’utilisateurs des détours sans fin, ou de désengorger des zones trop denses.
Progrès à consommer avec modération, quand on sait que certains appellent Progrès le fait de pouvoir de changer la couleur des yeux du futur nouveau-né, en fonction des désirs des parents !
De retour sur notre Pont après cette petite digression, j’ai fini par reprendre mon chemin, j’ai descendu la deuxième moitié du tablier assez vite –mais pas trop quand même – et j’ai fini jusqu’à Honfleur ! J’étais assez fatigué de ma journée !
Je me suis posé au camping, j’ai commencé à discuter avec des cyclotouristes, et je suis parti faire les courses, car j’avais la dalle !
Une fois les commissions effectuées, j’ai visité la ville, bien jolie, et je suis allé faire un tour sur la plage. C’est étonnant de voir le port juste en face de soir, énorme, tel un énorme animal qui respire, alors que l’on est assis sur du sable, pas si loin ça ! Ça donne vraiment une atmosphère particulière à l’endroit je trouve ! J’ai regardé quelques énormes bateaux passer, et je suis rentré au camping.

Après avoir enlevé la crasse qui recouvrait l’ensemble de mon corps, je suis à nouveau sorti en ville me promener, de nuit cette fois ! J’ai tourné à droite à gauche, il y avait beaucoup de monde qui dinait au restaurant. J’ai traversé un marché de nuit, à côté du port, et j’ai accompagné une crêpe d’un bon cidre : je suis en Normandie après tout !
Honfleur, j’en reparle dans le prochain article !

J’admire, je suis incapable de me lancer dans un roadtrip en vélo! Ta photo du port d’Honfleur la nuit est magnifique ( parole de normande! 🙂 )
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Salut Sophie, je te remercie ! Le plus dur, c’est de se lancer et donner le premier coup de pédale ! Le reste, ça roule tout seul 😉
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[…] promis à la fin de l’article précédent, parlons un peu de Honfleur : ville d’environ 7 000 habitants, elle marque le départ de la […]
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[…] Le viaduc de Calix, ouvrage sur piles, deuxième plus grand pont après le Pont de Normandie (que j’ai traversé ici).Poursuivons le récit depuis Caen, que j’ai rapidement traversée car je m’y étais promené […]
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