Mont Saint-Michel, comme tu es beau !

Dimanche 2 août 2020, Cherrueix (Ille-et-Vilaine, département 35) – JOUR 26

Aujourd’hui, on va se concentrer sur la culture générale, car je n’ai guère de choses à raconter sur le trajet à vélo.
Rapidement quand même : je suis parti ce matin de Domfront, direction l’ouest et la côte, par la Véloscénie. Comme j’avais pas mal grimpé hier depuis Caen jusqu’à Domfront, j’ai pas mal descendu jusqu’au niveau 0 de la mer, c’était bien (même si en réalité ça ne se ressent pas tellement quand c’est étalé sur des dizaines de kilomètres !). Le midi j’ai mangé sur une aire, non pas d’autoroute (je n’étais pas assez en forme), mais pour modes doux. Il n’y en a pas toujours le long des voies vertes, ça fait quand même plaisir d’avoir une table et un banc ! C’était à côté d’une ancienne gare, reconvertie en maison je crois, même si je n’ai pas fait spécialement attention à ce dernier détail. Les propriétaires avaient un énorme chien dans un enclos. Vous auriez vu l’animal ! En plus, comme je mangeais, le chien le sentait, il avait l’eau à la bouche, le saligaud ! Donc il aboyait sans cesse, mais heureusement je n’ai pas cédé, et ne lui ai rien donné. Parce que c’était écrit en gros sur un écriteau aussi (en même temps je ne sais pas s’il aurait aimé des pâtes !) !

Bon là il s’est calmé (car je lui ai fait peur hé hé), mais sinon on apprécie la clôture !

Rien de spécial sur le début d’après-midi, si ce ne sont ces jolies fleurs :

Arrivé vers Pontaubault on quitte la partie « campagne » pour arriver à la partie « côte » (entre temps on a rejoint l’EV4), et on aperçoit le fameux Mont, tout petit au loin, mais qui déjà impressionne ! Avec le soleil qui brille fort, ça donne un aspect « mirage » je trouve, c’est rigolo…
Et qui dit côte, dit… Vent ! CRAC !, on est reparti pour un gros épisode de vent de face sur une vingtaine de kilomètres au moins !

Tout petit, vu d’ici !

Au fil des kilomètres, on peut admirer le Mont Saint-Michel (qui grandit de plus en plus !), et les grandes étendues de sable de la Baie, qui l’entourent. Je trouve incroyable cet édifice, vraiment. Au milieu de nulle part là, il s’impose par son charisme ! Comme Johnny ! Enfin…
Comme j’étais déjà venu visiter le Mont Saint-Michel en octobre ou novembre dernier, je m’étais dit que je n’allais pas m’embêter à y retourner avec tous mes bagages, et surtout à cause des centaines de touristes qui affluent sans cesse vers ce haut lieu de Tourisme.
Mais finalement, j’y suis allé quand même ! J’avoue que ça aurait été idiot d’être arrivé jusqu’ici en vélo, et de ne pas faire l’effort d’aller au moins au pied de l’Ouvrage ! Au niveau de la rivière Le Couesnon, j’ai donc bifurqué plein Nord sur le ponton qui traverse une partie de la Baie, immense. Quel plaisir d’arriver sur 2 roues plutôt qu’en voiture ou en navette ! Je vous assure que c’est mieux que d’arriver parqué comme des bêtes dans des navettes bondées (mais nécessaires tout de même !).
C’est vraiment étonnant comme construction, cette mini-ville, posée sur le sable, magnifique, imposante… Comme il était stupide de prendre le risque de monter au sommet en laissant tous mes bagages au pied (avec autant de touristes, bonjour les risques de vols), j’ai préféré rester en bas, et j’ai fait le tour de l’édifice avec mon vélo, dans le sable. C’était déjà bien !

« Il est vraiment joli…
– Le Mont Saint-Michel ?
– Nan nan, mon vélo !

Une chose à faire qui vaut le coup je trouve, c’est la traversée pieds nus de la Baie du Mont Saint-Michel : une promenade qui part des prés salés alentours, les pieds dans la vase, et qui rejoint l’édifice après plusieurs kilomètres sur le sable et dans l’eau (il y a des fleuves qui se jettent dans la Baie), le temps de la marée basse. Je conseille l’activité avec un guide et en groupe, car nombreux sont les pièges mortels de cette Baie de 500 km², à commencer par la marée haute, ou le brouillard, qui ferait s’égarer n’importe qui ! D’ailleurs, je ne sais même pas si c’est autorisé de faire cela tout seul !
Le marnage (hauteur d’eau que l’on aurait au-dessus de notre tête à marée haute, lorsque l’on se tiendrait debout dans le sable pendant la marée basse) se situe entre 13 et 15 mètres dans le coin (ça dépend des sources), ce qui en fait la valeur la plus haute au monde, après la Baie de Fundy et celle d’Ungava, au Canada, dont le marnage qui peut dépasser les 16 mètres (ça dépend encore des sources !) !
Imaginez-vous un instant, pris dans des sables mouvants, avec 15 mètres de mer au-dessus de vous qui vous engloutissent petit à petit !? Non, hein ? Donc passez avec un guide !
D’ailleurs, petite question, dont j’ignore la réponse : pourquoi est-ce que sur le sable, pendant la marée basse, on a toujours la forme de petites vaguelettes orientées dans le même sens ? Si quelqu’un a la réponse, il ou elle peut l’indiquer dans les commentaires !

On peut également voir le deuxième rocher de la baie, moins connu, l’îlot de Tombelaine, au nord du Mont, dont plusieurs légendes déterminent l’origine de ce rocher.
En tous cas, il est certain que c’est sur le rocher de Tombelaine que nos éternels ennemis (les Roastbeefs !) ont établi leur repaire, à partir de 1423, pour assiéger le Mont Saint-Michel, difficilement prenable à cause des marées. Tellement difficile d’ailleurs, que le Mont Saint-Michel demeure aujourd’hui une forteresse jamais prise ! En 1425, ce sont les bretons de Saint-Malo qui sont venus en aide aux habitants du Mont Saint-Michel (si si, je vous jure !), leur apportant ravitaillement bien mérité, pendant la famine qui résulta du siège créé par les Anglais. Le récit plus détaillé ici.
Le Mont Saint-Michel, (dont le nom vient de l’Archange Michel, qui symbolise la puissance des forces du Bien contre le Mal, c’est pas rien !), dont il y aurait beaucoup à dire, notamment sur sa construction, son abbaye magnifique au sommet, que l’on peut visiter, et qui donne une vue magnifique sur la Baie et les terres environnantes.

Il est content !

Après avoir pris ce super selfie ci-dessus, je suis reparti plein ouest, à travers les champs de maïs. Je n’ai pas beaucoup parlé des paysages que je traverse depuis que je suis parti : c’est simple, je suis en permanence entouré par des champs ! Ce n’est pas seulement à pieds ou à vélo que l’on peut s’en apercevoir d’ailleurs, il suffit de prendre le train pour voir que nous traversons presque exclusivement des terres agricoles !
Il faut tout de même rappeler que la France est avant tout un pays agricole, dont 54% de la superficie métropolitaine totale (qui est de 550 000 km²) est occupée par des activités agricoles (hors bois et forêts) ! Entre autres, la France est 5ème producteur mondial de blé, 2ème producteur mondial de vin (et oui, derrière l’Italie !), 3ème producteur mondial de lait, 2ème producteur mondial d’orge (données ONUAA 2018).
L’Agriculture, en plein déclin depuis plusieurs décennies en France, malgré sa position de 1ère puissance agricole d’Europe. Aujourd’hui, c’est un secteur qui regroupe seulement 4,6% de la population active (contre 33% en1945). Les causes : la mécanisation, la réduction des surfaces cultivable suite à l’urbanisation, les normes de l’UE, grippe aviaire et grippe porcine, les grandes surfaces qui tirent les prix vers le bas, le rendement à tout prix, c’est toujours pareil. Des raisons similaires qui poussent les industriels à délocaliser, pour être plus rentable et être en accord avec le Marché.
 Au lieu de critiquer les agriculteurs et éleveurs car ils utilisent des pesticides, qu’ils maltraitent les animaux, ce qui est certes condamnable, certains ne devraient pas oublier que ce sont les agriculteurs qui nourrissent le pays ! Qui travaillent très dur, qui font des métiers que très peu auraient le courage de faire, pour un salaire moyen de 1200€ par mois, une misère ! Dans un monde normal, on s’attendrait à ce que l’Etat prenne les devants, on essaierait de rétablir un dialogue entre les citoyens et les exploitants (quelques associations existent tout de même), au lieu de ça on a en moyenne 1 agriculteur qui se suicide tous les jours en France ! Cherchez l’erreur ! On est bien loin de l’époque dont nous parle de façon très drôle Fernand Raynaud, dans son fameux sketch du « pôv’ paysan », même si certains s’en sortent mieux que d’autres. Il y a plein de matériel sur Internet pour ceux qui souhaitent aller plus loin sur le sujet.

Après cette digression militantiste et une grosse heure à travers les champs donc, toujours le long de l’EV4, j’ai fini par arriver à Cherrueix, dans un petit camping bien sympa. Dommage qu’il soit le long d’une grosse route, c’est très bruyant… Mais c’est comme ça ! Ça n’est ni le premier, ni le dernier comme ça !
C’était long cette dernière partie de route, toute plate, avec du vent ! C’est donc content que je me suis posé le c**, en plein soleil, pour souffler tranquille. Après avoir monté la tente, je suis retourné au bord de mer, pour profiter un peu du décor ! Sur la plage, il y avait beaucoup de monde, et même des chars à voile ! C’était la marée basse, il y avait des méduses mortes sur le sable.

Mmmmmh, qui en veut ?

J’ai fait une petite vidéo, dans laquelle je dis que j’ai carrément envie de me poser sur un canap’ et de regarder un film. 2 choses très faciles à faire, et pourtant, ça me semble bien loin la dernière fois que ça m’est arrivé !
Ce qui est bien avec le voyage, quel qu’il soit, c’est qu’il permet systématiquement de prendre du recul avec notre propre inertie, notre propre routine : dès que l’on varie de sa trajectoire habituelle, on le ressent, et ce simple fait amène le changement. Avec le voyage à vélo, ou à pieds (typiquement le pèlerinage de Compostelle, la traversée des Alpes, le GR20 etc), c’est encore plus marqué car c’est dépaysant pour le psychique (nouveaux décors, nouvelles personnes) mais aussi pour le physique (nouveaux horaires, nouvelle nourriture, efforts quotidiens importants). Et plus ça dure, plus c’est bénéfique (sans durer trop longtemps non plus !) ! Si vous saviez le nombre d’états par lesquels je passe certains jours : en une seule journée, j’ai droit à la fatigue due aux mauvaises nuits en camping, le moral dans les chaussettes à cause du vent, l’effort physique (parfois la souffrance physique), l’envie soudaine, urgente, des petits plaisirs de la vie (Ex : une pâtisserie, regarder le 5ème élément), qui remonte constamment à la Conscience, provoquant des poussées d’euphorie… On ne s’ennuie pas !
Quand on remplace : réveil/transport/morosité/boulot/ordinateur/réunions/fatigue/dodo par lever de bonne humeur/air pur/activité physique/paysages/vie en extérieur/rencontres/dépassement de soi/nouveauté, je vous garantis qu’on revient aux choses simples, à notre biologie, et c’est tout bénèf’ ! Cela fait beaucoup travailler le mental, je commence à m’en rendre compte, et j’en suis bien content ! On est toujours récompensé par le travail personnel que l’on fournit pour soi-même !

Après mon passage sur la plage, je suis rentré boire un demi, et j’ai regardé l’actualité sur mon smartphone. La détente !

Demain, je devrais arriver à Rennes, beaucoup plus tôt que prévu, quoique c’est pas encore fait ! En effet, je voulais y être avant le 07.08, et je me rends compte que j’aurais peut-être pu essayer un tour à Cherbourg… Tant pis, ça me permettra de me reposer ! Je vais passer une semaine à Marseille en famille, histoire de renouer un peu avec le social ! Puis, je retournerai à Rennes pour enchaîner, car un paquet de kilomètres m’attendent !

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