La Bretagne, mais un bout seulement !

Lundi 3 août 2020, Rennes (Ille-et-Vilaine, département 35) – JOUR 27

27ème jour de vélo pour finalement rejoindre la grande ville de Rennes, 11ème plus grosse ville de France en nombre d’habitants, et 4ème ville du « top 11 » à mon palmarès !

Départ ce matin, tranquille (comme tous les matins !), avec petit-déj sur une table en bois du camping. C’est toujours mieux que par terre !
Comme ma toile de tente était très humide, et que je voulais qu’elle sèche avant de ne la rouvrir seulement dans une quinzaine de jours (je fais une pause familiale dès ce soir), je l’ai étendue sur le filet de volley-ball du camping, déjà pendant, au grand dam du gérant, qui passait avec sa golfette et qui a engagé la conversation :
« Et bah, mon filet !? crie-t-il.
– Calme-toi Johnny, ça pèse rien ! lui répondis-je, en omettant bien sûr le « Johnny ».
– Ahhhh, bon ! » dit-il, rassuré.
Bah oui, elle est tellement légère cette toile, qu’il n’y avait aucun risque !

Les sacoches remballées, j’ai quitté le camping pour rejoindre le centre-ville de Cherrueix, et ainsi la route qui longe la côte. Ce seront mes derniers kilomètres sur l’EV4, la Vélomaritime, profitons-en !

Le Moulin de la saline, à Cherrueix (Ille-et-Vilaine). Edifice de 1827.

J’ai pris direction Saint-Malo, mais sans passer par Cancale, car c’était encore un peu tôt pour les huîtres au champagne !
La route passe à travers le marais de Dol, qui s’étend tout de même sur 12 000 hectares autour de moi. On roule sur du sable, vraiment au bord de mer, c’est sympa ! Je suis passé devant une ferme mytilicole… Tu ne connais pas ce mot, hein ? Moi non plus… Trop drôle, il s’agit d’un élevage de moules marines ! Voilà, comme moi tu te coucheras moins bête ce soir !

Après avoir quitté le bord de mer, au niveau de Saint-Benoit-des-Ondes, pour rentrer légèrement dans les terres, j’ai fait un arrêt sur une élévation, et je me suis retourné admirer la baie du Mont Saint-Michel. On l’aperçoit encore le Mont Saint-Michel, au loin, avec sa forme triangulaire, sombre, perdue au milieu des eaux.

On devine le Mont Saint-Michel, un peu à droite du poteau électrique de gauche

C’est un passage sympa jusqu’à Saint-Malo, en plein milieu des champs, et pourtant si proche de la mer.
Arrivé à Paramé, ancienne station balnéaire avant sa fusion avec Saint-Malo, et autrefois reliée à Cancale par un tramway, j’ai déboulé sur la grande plage du Sillon. Une très jolie plage, caractéristique avec ses 3000 pieux en bois, enfoncés en quinconce dans le sable pour atténuer la puissance des vagues sur les fortifications.

Voilà la fameuse plage !

Encore un bijou, Saint-Malo, même si elle fut détruite pendant la 2nde Guerre Mondiale, mais heureusement reconstruite à l’identique !
Comptant 45 000 habitants aujourd’hui, c’est une ville qui se développa pendant la colonisation des Amériques et les échanges avec l’Inde (voir Compagnie des Indes occidentales), et qui connut son apogée pendant les 16ème, 17ème siècle, jusqu’à la Révolution française. Entre les années 1680 et 1730, les riches armateurs et négociants de la ville construisent les fameuses malouinières, ces vastes demeures de plaisance implantées dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres autour de Saint-Malo, encore habitées aujourd’hui.
Surnommée la Cité corsaire, les Jacques Cartier, Duguay-Trouin, Surcouf, Maupertuis, ou encore Châteaubriand firent sa renommée.
Saint-Malo s’illustra dans l’Histoire récente par l’importance de son port de pêche à la morue, que les courageux pêcheurs allaient chercher sur les bancs de Terre-Neuve : cette île située dans le Golfe du Saint-Laurent au Canada, et ce, jusqu’en 1904, date à laquelle les français abandonnèrent le droit exclusif de pêche, moyennant compensation financière et échange de concessions territoriales d’Afrique de la part des Anglais. Droit qui n’inclut par Saint-Pierre-et-Miquelon, qui demeure aujourd’hui une Collectivité d’outre-mer (COM), au même titre la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Wallis-et-Futuna (et qui disposent d’une plus grande autonomie que les Départements ou Régions français d’outre-mer (DROM) que sont la Martinique, Guadeloupe, Guyane, la Réunion, et Mayotte).

C’est toujours bondé Saint-Malo !
Un aperçu des remparts de Saint-Malo

La côte qui va de Saint-Malo à Granville est celle qui accueille parmi les marées les plus importantes du monde, du fait notamment de l’« effet goulot » créé par la Manche (et surtout par la presqu’île du Cotentin qui accentue encore le phénomène), d’où l’implantation de l’usine marémotrice de la Rance toute proche (ça permet de transformer un max de l’énergie hydraulique de la marée en électricité). C’est la deuxième plus grosse usine marémotrice au monde avec 240 MW produits, derrière celle de Corée du Sud et ses 254 MW, et bientôt la troisième plus puissante avec le projet MeyGen écossais (dont le fonctionnement est différent de l’usine française).
Elle est implantée le long de l’estuaire de la Rance, sur 700 mètres de longueur (la route passe au-dessus de l’usine d’ailleurs) !
Le principe est simple : on utilise le dénivelé créé par l’amplitude des marées pour alimenter un réservoir. À marée haute, pendant que l’eau de mer circule de la mer vers le réservoir, elle passe par des turbines (de type Kaplan, et réversibles), qui en tournant vont faire fonctionner un alternateur, et permettre une conversion énergie hydraulique/énergie électrique. À marée basse, c’est l’inverse : le réservoir se vide, et l’eau se déverse dans la mer en passant par les turbines, mais dans l’autre sens. Ingénieux n’est-ce pas ?

« Qu’est-ce que tu veux, toi ? Laisse-moi réfléchir tranquille ! »

Je voulais passer par Dinan, une autre jolie ville du coin, mais comme j’y étais déjà allé 2 fois et que je m’étais mis en tête que je voulais finir la journée à Rennes, j’ai évité le détour à l’ouest, pour partir plein sud, direction Rennes donc !
Passage devant l’aquarium de Saint-Malo, qui termine la partie urbaine de la zone, pour entamer la partie plus naturelle.

J’ai réussi à me retrouver sur l’itinéraire cyclable Saint-Malo/Rennes (un itinéraire différent de celui qui longe la Rance), mais de manière erratique, m’a-t-il semblé. Comme j’ai eu l’impression d’être sorti du droit chemin, j’ai ressorti un coup de Komoot, l’appli GPS, pour me guider parmi les nombreuses routes qui s’offraient à moi.
Après Saint-Jouan-des-Guérets, grosse montée jusqu’aux Gastines, puis grosse descente jusqu’à l’itinéraire affiché par Komoot. Sauf que… CRAC !

Oups !

Si ça m’énerve, bou ouh ouhhh ! Je me suis encore fait avoir, je n’ai pas vérifié l’itinéraire avant de le suivre tête baissée, idiot que je suis !
Il faut savoir que j’étais très fatigué physiquement, car j’ai enchaîné des grosses journées dernièrement, mais j’ai subi en plus ce que j’appelle « l’effet objectif presque atteint ». C’est-à-dire que, quand on sait que l’on va arrêter un effort, automatiquement on ressent toute la fatigue accumulée, qui semble même exagérée par rapport à son impact réel. En effet, je savais qu’en fin de journée je serais à Rennes, et que j’allais pouvoir me reposer dans un vrai lit pendant une semaine, avant de prendre le train jusqu’à Marseille pendant une autre semaine, « en vacances » si je puis dire. L’éclate absolue !
Cette dernière journée risquait de se faire sentir…

Après avoir pesté contre Komoot, à voix haute, assez forte d’ailleurs, et à qui voulait l’entendre (c’est-à-dire moi uniquement, seul sur mon vélo), j’ai pris l’unique itinéraire qui s’offrait à moi, la poursuite sur la D117 au lieu de prendre la D137 interdite.
Ça m’a fait faire un détour assez important, c’est pour cela que ça m’a soûlé.
Au final ça n’a pas été si grave, car ça m’a fait longer l’estuaire de la Rance, et passer par Saint-Suliac, un de nos plus beaux villages de France ! Il est dommage que j’aie été à ce point-là énervé, car je n’ai pas fait tellement attention au village, que j’ai bêtement traversé « la tête dans le guidon » comme on dit. Pas de photos donc !

En plus, ça grimpe pas mal encore dans le coin ! On ne monte pas haut en altitude, mais c’est assez redondant. Et c’est au sommet du mont Garot, qui culmine à 73 mètres (hum hum), que j’ai fait ma pause déjeuner. J’avais une belle vue sur les alentours, c’est certain !
Ça a été l’occasion pour moi de terminer quasi toutes mes provisions, histoire de rouler les sacoches moins pleines pour l’après-midi (mais ce qui ne change rien au poids dans l’immédiat).
Alors que j’essayais de trouver le sommeil pour la petite sieste post-prandiale habituelle, j’ai aperçu un binôme de cyclotouristes, sans doute un couple, qui ont fait une courte pause au sommet du mont.
Ils avaient le même genre d’équipement que moi, 2 sacoches arrière, un rack pack, la sacoche de guidon, mais avec 2 sacoches avant en plus… Je me demande vraiment ce qu’ils trimbalaient pour avoir besoin de 6 sacoches, d’autant qu’à 2 ils pouvaient quand même partager des objets type tente, réchaud, popote… Mais ils sont partis avant que je n’aie le temps d’avoir ne serait-ce que l’idée de leur demander quoi que ce soit !

Ah c’est pas l’Alpe d’Huez !

L’après-midi s’est déroulé assez difficilement, comme il fallait s’y attendre. J’ai eu droit à une légère déviation pour cause de travaux (d’habitude les cyclistes ne sont pas concernés par les travaux, car ils arrivent à se faufiler facilement à travers les engins et matériels, sauf que là c’est carrément une tranchée sur la route qui barrait le passage). La grosse partie du trajet s’est faite à travers la campagne bretonne et les bosquets. C’était assez vallonné, donc assez sympa. Et assez dur !
Au niveau de La-Chapelle-aux-Filtzméens, j’ai fini par rejoindre le canal d’Ille et Rance, que j’ai longé sur une vingtaine de kilomètres, le long des voies de halage. J’ai essayé de dormir sur un banc, au bord du canal, car après tout je n’étais pas à la seconde, et je n’avais pas réussi à éteindre la lumière quand j’avais essayé sur le Mont Garot. Au bord de l’eau, sous le soleil, mais à l’ombre des nombreux arbres qui bordent le canal, il y a pire ! Ça a fait du bien, et j’ai pu continuer.

A Hédé, je suis passé à côté d’une partie des fameuses 11 écluses, qui permettent, sur seulement 2 kilomètres, de monter ou descendre de 27 mètres de dénivelé, quand même !
C’est à Hédé que j’ai quitté le canal, pour rejoindre la route parallèle à la fameuse D 137, dont l’accès m’avait été interdit un peu plus tôt dans la journée.

Cette dernière partie a été jouée au mental ! C’était tout droit, il ne fallait pas réfléchir, juste enchaîner les 20 ou 25 derniers kilomètres, parfois en faisant la course avec des voitures, parfois avec des motos.
D’ailleurs, j’ai eu l’impression que les 15 derniers kilomètres se sont faits en descente, je ne sais pas si c’était une vue de l’esprit, mais c’était agréable ! J’ai traversé les habituelles zones commerciales, inhérentes à chaque grande ville, puis j’ai rejoint le centre-ville (que je connais déjà pas mal pour y avoir été plein de fois !). J’ai bu un coup dans un bar, avec mon look de baroudeur absolument pas citadin, puis je suis rentré me laver, chez ma pote qui me loge gentiment.
C’était une grosse journée, encore 120 bornes ! J’ai mal partout, des hémorroïdes qui s’éternisent (position assise qui n’arrange rien, n’est-ce pas ?), donc content de me reposer les prochains jours !

Comme beaucoup de métropoles, on pourrait consacrer des articles entiers sur la ville de Rennes et son histoire. On va tenter de faire court, et dire que c’est une ville agréable, remplie de très jolis monuments, de jolies bâtisses, dont beaucoup de bâtiments à colombages. Elle possède son centre-ville pavé, de nombreuses églises, notamment la grande Cathédrale Saint-Pierre. Des places sympas, comme la jolie place du Parlement de Bretagne, ou la place des Lices, qui accueille tous les samedis matin (leçon d’orthographe : samedis au pluriel, matin au singulier !) le marché, qui prend également place dans les 2 halles Martenot.
Niveau verdure, on trouve entre autres, en centre-ville, le beau parc du Thabor, qui compte une roseraie et une volière, le parc du domaine de Saint-Cyr, et le petit Jardin de la Confluence, qui comme son nom l’indique est le lieu de confluence des 2 rivières principales de la ville : l’Ille et la Vilaine.
En ce qui concerne la construction, on peut admirer les 100 mètres de hauteur de la bi-tour « Les Horizons », son stade de foot en périphérie de la ville, l’immeuble de bureaux Le Mabilay, et l’immeuble de logements Cap Mail, signé Jean Nouvel.

quai-péniche
Un aperçu de l’immeuble Cap Mail (en verre) depuis la rive gauche de la Vilaine
Eglise Saint-Aubin
place des lices
Maisons à colombage autour de la place des Lices
Gratte-ciel « Les Horizons »
piscine saint georges
La Piscine Saint-Georges, dont le bassin mesure 33 m * 14 m
Aperçu de la place Saint-Anne
Immeuble de bureaux « Le Mabilay »
Le Parlement de Bretagne

Mardi 18 août 2020, Redon (Ille-et-Vilaine, département 35) – JOUR 28

Salut les copains ! Je vous ai manqué hein, avouez jeunes canailles !
Bon, ça me fait plaisir de vous l’entendre dire. Je vais donc reprendre le récit là où je l’ai laissé il y a 15 jours : à Rennes !
Après une semaine de pause à Rennes, et une semaine en famille, à Marseille, me voilà un nouvel homme !
C’est donc ressourcé, et accompagné de ma nouvelle selle Brooks, de mes superbes sacoches rouges et de mon vélo toujours aussi performant, que j’ai quitté Rennes, direction le sud, avec comme objectif : Redon !

C’est le long de la Vilaine que j’ai roulé, toute la journée. Du début, à la fin !
La Vilaine, qui n’est pas si laide d’ailleurs ! Sur ce côté-ci de la Bretagne, ils ont tout de même la Vilaine, et la Rance… Ça donne envie !
Ce matin, je suis donc parti vers le sud, sur la voie verte V42. J’ai dépassé l’étang d’Apigné, haut lieu de footing et de vélo pour les rennais, puis Pont-Réan, puis le Moulin du Boël, avant d’enchaîner dans la cluse du Boël.
Je suis ensuite passé devant le Moulin de la Bouëxière (si vous voyez un « ë » écrit quelque part, c’est sûrement breton !) : un ouvrage charmant, qui fut converti en minoterie (meunerie prenant le statut « industriel » plutôt que « artisanal », notamment grâce à l’arrivée des machines à cylindres, qui remplacent progressivement les meules en pierre) à la fin fin 19ème siècle.

Le Moulin de la Bouëxière. Dommage qu’il soit en travaux au moment où je prends la photo !

Ce midi j’ai mangé le long de la piste cyclable, et j’ai discuté avec un pêcheur, qui me disait que de manger du poisson, ça n’est pas mauvais pour la santé, malgré la présence de métaux lourds… Il suffit de ne pas en manger trop !

Un héron cendré (à mon avis), peinard

Je vois énormément de hérons le long des rivières et canaux. C’est un oiseau échassier de grande envergure, et solitaire (en dehors de période de nidification). Sans doute pas le plus fûté des oiseaux, cela arrive qu’un de ces hérons me voit arriver, prenne peur, puis s’envole. Sauf qu’au lieu de s’envoler orthogonalement à ma direction, il s’éloigne de moi mais parallèlement ! Donc, dès qu’il se pose sur un arbre, 10 secondes après il me voit à nouveau arriver, puis s’envole, encore un peu plus loin, mais pour recommencer la manip’ 10 secondes plus tard et cetera…

Le temps n’était pas super, et c’est en milieu d’après-midi que le soleil a finalement pointé le bout de son nez. J’ai eu quelques averses, mais c’est le vent qui finalement a ramené sa fraise, pour la dernière partie du trajet. Ça a soufflé bien fort, bien dans la même direction que celle de mon itinéraire, mais de sens complètement opposé ! Grrrrr… Allons, allons, on se calme ! En effet, d’avoir fait une pause de 15 jours m’a permis de prendre du recul sur les premiers 2500 km effectués jusqu’à Rennes, depuis mon départ du Nord-Isère. Et, en réalité, c’est toujours énervant d’avoir le vent de face, mais ce n’est plus tellement étonnant ! Ça fait partie du voyage, donc ça passe de façon moins terrible que ce que j’ai ressenti vers Saverne, en Picardie et au bord de la côte normande notamment.

C’est donc serein que je suis finalement arrivé à Redon, petite ville sympa, au croisement des département d’Ille-et-Vilaine (dont elle est une sous-préfecture) et de ceux du Morbihan (56) et de la Loire-Atlantique (44).
Port maritime de Rennes, ce fut une importante ville de batellerie, carrefour des voies navigables de l’Ouest (lieu où le canal de Nantes à Brest coupe la liaison Rance-Vilaine qui relie l’Océan à la Manche), où se situe encore le musée de la Batellerie.

Point d’eau au bord du camping

Je loge au camping municipal de la ville, à peu à l’écart du centre-ville.
Après m’être installé, je suis allé me promener rapidement dans la ville, j’ai bu une bière locale, puis suis rentré me reposer.
Demain ils annoncent un temps très mauvais, aïe aïe aïe… En même temps, il faut bien que cela arrive ! Je trouve que je m’en sors plutôt bien jusqu’à présent !

La selle a l’air d’aller bien, il faut qu’elle « se fasse », c’est-à-dire que le cuir se forme à mon derrière. Ça devrait prendre une semaine je pense, étant donné que je reste en moyenne 5 heures par jour assis dessus. En tout cas, je n’ai pas eu mal de la journée, alors qu’avant dès la première heure, je souffrais ma race tellement mon périnée s’enflammait… C’est rassurant pour la suite !


Voilà les amis, la Bretagne, c’est déjà fini ! On va quand même parler d’un petit sujet avant de se quitter, car pour moi il est important d’accumuler de la connaissance dans la vie. Bon, on ne va pas refaire ici l’historique de la Bretagne, ça prendrait des heures, et comme je ne suis pas breton je ne me sentirais pas trop à l’aise pour en parler. Par contre, je suis lyonnais, et je vais pouvoir aborder un aspect commun entre les 2 régions : le textile ! À Lyon, c’était la soie, mais en Bretagne, c’est l’exploitation du chanvre et du lin qui a amené prospérité. Explications.

2 plantes, dont les fibres notamment ont été utilisées, entre les 15ème et début 18ème siècle, essentiellement pour la fabrication de textile : la fabrication de voiles pour bateaux, de sacs et de vêtements « grossiers » à partir du chanvre, et celle de toiles fines ou vêtements confortables à partir du lin, plus fin.
Alors, tout d’abord, il faut le matériau. Le climat humide de la Bretagne a permis la culture de ces 2 plantes. Une fois coupées, il faut éliminer la pectine des tiges, cette substance qui empêche la bonne conservation des fibres. Cela se fait grâce à la mise en contact de l’eau, qui dissout la pectine. C’est le rouissage.
Une fois les plantes séchées, on va pouvoir en extraire les fibres. Grâce à une braye (ou braie), on casse le bois présent au milieu des tiges pour qu’il ne reste que les fibres. C’est le teillage.
Vient ensuite l’étape du peignage, qui permet de finir d’enlever le bois et les fibres les plus courtes, pour obtenir la filasse, cette espèce de touffe de cheveux que l’on va commencer à filer.
Le filage qui se fait essentiellement au rouet, car chaque maison, au 18ème siècle comportait un rouet ! Ce que je n’ai pas dit, c’est que la culture et l’exploitation du lin et du chanvre faisaient tourner l’économie de nombreuses personnes en Bretagne, c’était une chose courante que de travailler le lin ou le chanvre chez soi. Surtout à l’époque, là où on était sur des exploitations familiales.
Une fois que le filage était terminé, il fallait blanchir les fils (surtout le lin). Pour cela, à l’époque, on construisait des maisons dédiées, qui abritaient de grosses cuves de bois ou de granit, dans lesquelles on trempait les fils (mis en écheveaux) avec de l’eau et des cendres de hêtres, qui possède un pouvoir purifiant important. On répétait l’opération autant de fois qu’il était nécessaire pour obtenir la blancheur souhaitée.
Vient pour finir le tissage, fait par le tisserand, à l’aide du métier à tisser. Les négociants, ensuite, se chargeaient de récupérer les productions des uns et des autres, pour aller les vendre d’abord en Angleterre et dans les Flandres, puis un peu plus tard en Espagne.

Ce fut une période de prospérité pour le nord Finistère (les Crées), le sud Finistère (les Olonnes), le sud de Saint-Brieuc (les Bretagnes), la périphérie de Vitré (les Noyales), dont chaque territoire produisait des toiles particulières (cf noms entre parenthèses).
Mais, comme toujours, après la prospérité vint le temps du changement, avec d’abord l’indépendance des pays d’Amérique du Sud et de Saint-Domingue, puis la concurrence de l’industrie textile au milieu du 19ème siècle.
Et, après une période creuse, c’est finalement au début du 21ème siècle que le renouveau opère, avec les nouveaux enjeux de notre ère. En effet, grâce à une poignée de professionnels motivés et d’amateurs, la fleur bleue refleurit. Le lin est devenu une plante aux multiples possibilités et utilisations, textiles pour les vêtements ou l’ameublement, huile, encre, peinture, aliment du bétail, papiers spéciaux, litière pour chevaux, paillage, éco-construction, santé du corps, élément pour l’industrie de voiture ou planches de surf. Pour le chanvre, outre son utilisation alimentaire, son huile fait des merveilles en cosmétiques grâce à ses propriétés hydratantes. La fleur de lin, l’or bleu, comme le chanvre, n’ont pas fini de séduire, ni de démontrer leurs multiples qualités… La leçon à retenir, à mon avis, c’est qu’on ne fait pas mieux que la Nature ! Voilà ! Toutes les infos sont disponibles sur ce documentaire.

3 réflexions sur « La Bretagne, mais un bout seulement ! »

  1. Belle aventure, décrite avec humour et un certain talent de raconteur.
    Les références historiques et géographiques sont bienvenues.
    Bravo pour l’exploit et merci pour le partage.
    Vivement la suite de ton aventure.

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