Vendredi 10 juillet, Nancy (Meurthe et Moselle, département 54) – JOUR 11
Encore une grosse journée ! 118 km ! C’est rigolo parce que des fois, quand je pars le matin, je me dis que ce sera une petite journée, parce que j’ai mal dormi et que j’ai mal aux jambes, bla bla bla… Et à la fin de la journée ça ressemble plutôt à du contentement ! Tant mieux, car c’est toujours un plaisir de se dépasser !
Je suis parti vers 8h15 ce matin, sous un grand soleil. Comme c’est agréable de se lever dans la fraîcheur du petit matin, de prendre son petit déj’ dans l’herbe humide, de prendre le temps de faire les choses simples ! D’écouter les oiseaux, d’humer l’air frais, de s’asseoir sur le sol et pas sur une chaise, tout en regardant le soleil se lever. Des petites choses que l’on a tendance à oublier quand on est pris dans la tempête de la routine.

Je suis descendu dans le centre de Saverne, et j’ai rejoint le canal que j’ai longé sur de nombreux kilomètres. A un moment le canal disparaît ! OMG ! Il est passé où ? Et bien il s’enfonce dans la montagne, via un tunnel. Et donc l’itinéraire vélo s’en voit modifié. Je compte y revenir plus tard sur les canaux, sur une future page par exemple, quand j’aurai un peu plus avancé. Ça devait être de sacrés travaux à l’époque de construire un canal et un tunnel ! Tout à la main, à la pioche et à la pelle… Grand respect pour nos ouvriers et ingénieurs (qui eux aussi calculaient à la main) !

J’avais tablé sur une arrivée à un camping assez tôt dans l’aprèm, pour me reposer de la rude journée de la veille (à cause du vent !). Il se trouve que je suis arrivé à 14h00 au camping – un camping minuscule, perdu au milieu de nulle part comme on dit. Et que l’accueil ouvrait seulement à 17h00 ! Or, pourquoi attendre 3 heures quand on peut avancer, malgré la fatigue ? J’étais à environ 60 km de Nancy, ça me paraissait le bout du monde ! Mais bon, je n’avais pas tellement le choix. J’ai donc enfourché mon vélo, malgré une grande douleur au périnée (je soupçonne mon cuissard de ne pas être de bonne qualité), et suis reparti. Pas très jolie la route, le revêtement est bien usé – tout pourri même. Le ciel est devenu gris (bienvenue en Meurthe et Moselle ?), et il n’y avait personne sur la route. Grosse ambiance marécage… C’est bien triste dis donc !
À un moment, alors que je roulais tranquillement – dans les 75 km/h à peu près – le long du canal, un lapin a surgi de nulle part. Pas bien épais l’animal, on aurait dit un crayon à papier avec un peu de fourrure autour. Appelons-le Hulk, pour la boutade.
Enfin bon, l’animal a de toute évidence eu peur de moi, il ne m’a pas vu ou entendu arriver (il y avait à nouveau beaucoup de vent aujourd’hui…). Et, croyez-moi ou non, il a fait un bon énorme, mais directement dans le canal ce con ! Il faut dire qu’il ma surpris aussi l’animal, j’aurais pu faire pareil ! Il s’est donc retrouvé dans le canal, sans pouvoir remonter, car un canal est fait de parois verticales la plupart du temps. Et comme il allait finir par se noyer d’épuisement, il fallait que j’intervienne ! Je me suis donc arrêté, j’ai réussi à trouver une grosse branche, et j’ai essayé de le choper notre ami aux longues dents. Mais lui, il devait croire que je lui voulais du mal, car à chaque fois que j’essayais de l’attraper il contournait le bâton, réduisant à néant mes chances de l’aider, et par conséquent ses propres chances de survies. J’ai finalement réussi à le coincer contre la paroi du canal, le Hulk, et à le ramener hors de l’eau pour le laisser rejoindre son terrier. Mais là, à peine relâché, que CRAC !, il s’est fait écraser par un cycliste qui arrivait un peu vite ! Je plaisante, rassure-toi, le lapin a pu aller prier son dieu tranquillement ! Elle m’a bien fait marrer cette action, croyez-moi !
Enfin bref, vers midi je me suis arrêté sur un espace aménagé pour recevoir du public (étant donné le nombre de tables et chaises en bois installés), mais vide, pour la pause casse-croûte. Un cycliste m’est passé devant. Mais pas n’importe quel cycliste : le mec avait un vélo surchargé, sacoches avant, arrière, sacoche de guidon, et aussi une remorque énorme et pleine à craquer qu’il tirait, accrochée derrière ! Que diable pouvait-il bien porter avec autant de bagages ? Mais je n’ai pas eu l’occasion de lui demander, car il m’a dépassé alors que je déjeunais. Il m’a tout de même salué avec un klaxon bruyant, et rigolo (mais après tout, un klaxon rigolo doit bien justifier un poids d’au moins 500 grammes !).
Après la sieste post-prandiale, je suis quand même passé devant l’écluse de Réchicourt-le-Château, un ouvrage construit en 1965 (toujours sur la canal de la Marne au Rhin), qui remplace à lui seul 6 écluses ! C’est beaucoup moins long d’avoir à manœuvrer 1 seule écluse au lieu de 6, et on peut lire sur le panneau d’indication qu’on gagne effectivement 2 heures par rapport à l’époque précédent la construction de cette écluse, la plus haute de gabarit Freycinet de France (norme européenne régissant la dimension des écluses). Quand je suis passé un bateau était à la manœuvre, c’est toujours intéressant de regarder cela je trouve.
Eclairées furent les personnes qui inventèrent et améliorèrent les canaux et à tout ce qui découle (si je puis dire) de ces voies navigables : écluses, systèmes de pompes, ascenseurs pour bateaux, etc.
En cours de route, dans l’après-midi, j’ai quand même eu l’idée d’appeler le camping à Nancy, pour m’assurer que c’était bien ouvert (sait-on jamais). Et là BAM !, évidemment c’est fermé ! Rhôôôô ! Changement de programme, une fois de plus. J’ai roulé quelques kilomètres pour m’arrêter dans un centre équestre demander au propriétaire s’il avait un bout de champ à me prêter pour la nuit. Il avait, mais c’était trop le bazar pour y accéder, avec les fils électriques de ses enclos pour ses canassons. Je me suis donc dit que je verrais sur place à Nancy, pour un hôtel.
La dernière partie du voyage était essentiellement urbaine, avec sur mon passage d’énormes usines qui ne datent pas d’hier, vu leur état ! Notamment l’usine du belge Solvay, construite en 1873, qui fabrique des produits carbonate et bicarbonate, et qui emploie 500 personnes. Également la saline Cérébos (le fameux sel de table, depuis 1866), et aussi la mine de sel de Varangéville, la dernière en activité de France (qui tourne depuis 1870), et qui compte 300 km de galeries tout de même ! Sous les pieds des gens, c’est ça !

Comme je disais, c’était de la départementale sur le dernier quart de la journée, et comme l’horaire s’accordait avec la fin de journée pour les travailleurs – et donc avec les allées et venues du début du week-end – autant vous dire que ce n’était pas une partie de plaisir ! J’ai réservé un hôtel via Lastminute.com, pour la nuit, en plein centre-ville. Je me suis fait avoir, car en réalité il n’était écrit nulle part que l’hôtel était en travaux. Donc c’était une espèce d’annexe qui tenait lieu l’accueil (bonjour le côté pratique des bagages, qu’on ne laisse certainement pas non surveillés en pleine ville !). Mais la dame présente à l’accueil avait l’air de m’attendre (il devait être 19 heures passées), et on a fait l’administratif rapidement. Quand on réserve un hôtel, il est préférable de s’assurer qu’il y a possibilité de garer son vélo au sein de l’hôtel. Car si c’est impossible, vous vous retrouvez à devoir mettre votre vélo en ville pour la nuit, ce qui n’est guère rassurant, même quand vous avez un bon antivol (voire deux dans mon cas !). Heureusement ici, j’ai pu mettre mon vélo dans un box qui abritait seulement quelques cartons. Ca m’aura permis de discuter un peu avec la dame, qui paraissait impressionnée par mon périple, hé hé hé !
Après un petit bain bien sympa, dans une eau bien chaude – à la base claire, mais qui est vite devenue trouble – je suis sorti, prendre un verre, comme à mon habitude, dans la vieille ville. Je me suis ensuite promené sur la fameuse place Stanislas, toute pavée, bordée de plusieurs cafés, ainsi que du Grand Hotel et de l’opéra national de Lorraine.

Je me suis éclaté le bide avec un plat de patates au lard et au cantal dans un restaurant traditionnel, agrémenté d’une autre pinte de bière blonde, histoire d’être certain de mal dormir et de me plaindre le lendemain que j’abuse, que je n’aurais pas dû, et qu’évidemment c’est la dernière fois que cela arrive. J’ai tenté une promenade digestive dans le joli parc de la Pépinière, là où une soirée danse en plein air avait lieu. Je me suis posé sur un banc pour regarder les gens passer – une passion chez moi – et j’ai fini par rentrer m’allonger lourdement sur mon lit douillet (ça change du matelas de sol !).
Samedi 11 juillet, Saint-Mihiel (Meuse, département 55) – JOUR 12
Bon, comme prévu en me couchant hier soir, j’ai mal dormi. J’ai trainé ce matin, j’ai fait des courses parce que demain c’est dimanche, et je suis parti vers 11h30 ! Quand même !
J’ai mon vélo qui couine un peu, je ne sais pas d’où ça vient ce bruit. Cela faisait plusieurs jours que je m’en étais aperçu, et je me suis arrêté à un magasin de sport à Toul pour voir s’il pouvait m’en dire plus. Apparemment c’était les plaquettes de frein, que je n’avais pas rôdées évidemment (parce que je suis parti un peu à l’arrache si vous vous en souvenez). Le gars du magasin ne voulait pas me les changer, donc j’en ai acheté moi et me suis dit que si ça continuait je pourrais les changer car j’ai l’outil qui permet cela (et que c’est pas bien sorcier de changer des plaquettes de frein en réalité).
Comme souvent, en quittant Nancy, il a fallu grimper pas mal, et c’était très urbain sur plusieurs kilomètres. Et urbain type périphérie urbaine, c’est-à-dire pas spécialement joli, avec beaucoup de trafic. J’ai longé une grosse départementale, mais qui possédait une bande cyclable (merci Komoot) jusqu’à Toul, et ensuite j’ai enchaîné vers l’ouest. J’avais comme objectif Châlons-en-Champagne, via Bar-le-Duc. Or, après un certain nombre de kilomètres sur une départementale, sans panneaux ni pistes ou bandes cyclables que ce soit, j’ai commencé à douter de la fiabilité de ma carte qui indiquait pourtant un tracé (une carte IGN des véloroutes de France, la plus récente qui soit au moment où je l’ai achetée au mois de mai de cette année). Tracé global sur lequel j’avais basé les 1 ou 2 étapes qui suivaient ma progression par rapport à un jour donné… J’ai donc fait donc halte sur un bout de parking, à l’ombre d’un sapin parce qu’il faisait très chaud, et j’ai étudié avec plus d’attention la carte. Et là, grosse désillusion : il se trouve que la tracé gris clair-gris foncé en pointillé indique… les trajets en projet ! C’est-à-dire qui n’existent pas ! Pourquoi diable font-ils apparaître des trajets qui n’existent pas encore ?! A mon avis je ne suis pas le seul à m’être fait avoir… Un peu furieux contre eux, et aussi contre moi-même, car je n’ai pas étudié avec assez d’attention la carte, il faut donc changer complètement de plan. L’avantage, c’est que je n’ai rien de prévu quant à mon itinéraire global. J’ai certains endroits que je veux voir absolument, mais peu m’importe par où arriver. Il m’est donc assez facile de changer de trajet du jour au lendemain, même si, il faut le reconnaître, ça ne fait pas toujours plaisir ! Peu de choix s’offrent donc à moi. Mon objectif global était de rejoindre Paris, avant de monter à Lille. Les véloroutes n’étant pas légion sur cette partie de la France, j’ai décidé de rejoindre la EV19, « la Meuse à vélo », qui m’emmènera jusqu’à Charleville-Mézières, où je pourrai envisager la suite. Direction plein Nord donc, via Commercy, sur ce qui semble être une des dernières Eurovelos à avoir été créée.

J’ai donc regardé sur Internet pour situer les campings qui sont sur la route, et suis reparti, longeant le parc de Lorraine sur ma droite. Le coin est bien sympa, je ne connaissais pas du tout la Lorraine avant. Des champs énormes s’étendent à perte de vue, et en cette période, les céréales sont dorées, le ciel est bleu, il y a un parfum de nature, c’est super !

A un moment donné, je me suis retrouvé derrière une moissonneuse-batteuse : je me suis pris une tempête de poussières et de morceaux de paille dans la tronche ! J’aurais presque aimé porter un masque (nan je plaisante…) ! Heureusement que j’avais mes lunettes sur le nez !
Et oui, car l’été est la saison des moissons pour les céréales à paille (blé, orge, avoine, seigle). En France, 53% de la surface céréalière sont destinés à la culture du blé tendre, qui sert essentiellement à la farine panifiable, alors que seulement 2,6% de la surface cultivée permet de produire le blé dur, qui servira quant à lui à produire de la semoule et des pâtes (source). Viennent ensuite l’orge, pour alimenter le bétail et faire de la bière (21% de la surface céréalière française), et le maïs pour l’alimentation animale et humaine essentiellement (16% de la surface céréalière française).
A l’époque, on faisait tout à la main : on coupait le blé à la faux, et on battait ensuite les épis pour séparer le grain de la paille… Je n’ai jamais fait, mais j’imagine le boulot ! Aujourd’hui, des machines ont évidement remplacé et optimisé les activités (la moissonneuse-batteuse, comme son nom l’indique, fait les 2 activités à la fois, en un rien de temps !).
La fin de la moisson donne lieu, encore aujourd’hui, à la traditionnelle fête de la moisson !
La région Grand-Est, dans laquelle je me situe, est la première région céréalière en France, suivie de près par les Hauts-de-France, l’Aquitaine, et le Centre-Val-de-Loire (la Beauce) (source).
Pour la dernière partie du voyage, je me suis tapé une montée, mais de l’espace ! Sans mettre le pied à terre ! Par contre, tellement concentré sur mon effort, j’ai oublié de tourner ! Je suis donc monté plus haut que nécessaire, et je me suis retrouvé sur un chemin avec des énormes cailloux, là j’ai vraiment eu peur de crever un pneu… Donc j’y suis allé mollo, j’ai pu profiter de la vue magnifique, avant de redescendre et de rejoindre Saint-Mihiel, où se situe mon camping.

Le village m’a eut l’air joli, mais je ne l’ai pas visité. Je suis dans le camping là, assez éloigné du centre, content d’être arrivé, assez tard par rapport à mes habitudes. J’ai chillé pas mal sous le soleil du crépuscule, qui a accompagné mon dîner solitaire.
J’ai dû changer d’emplacement à un moment car une armée de jeunes étrangers a débarqué, ils ont commencé à faire un bazar pas possible, sans aucun respect pour les autres évidemment. Un genre de groupe de gros égoïstes, qui pourraient commencer par demander pardon de faire du bruit, mais qui au lieu de ça hurlent, et les petites gens sont obligées de bouger, malgré le fait qu’ils étaient présents avant. Dommage qu’ils étaient en surnombre, sinon je n’aurais pas laissé passer ça !

– Super ! »

Dimanche 12 juillet, Doulcon (Meuse, département 55) – JOUR 13
Réveil tranquille ce matin. Avant de poursuivre le récit, prenons un petit café ensemble !

Encore une chaude journée aujourd’hui ! Normal, c’est l’été tu vas me dire ! Oui, c’et vrai !
Je n’avais plus de crème solaire ce matin, j’ai dû garder la tête bien basse pour éviter que le museau devienne tout rouge !
Je suis passé devant des fours à chaux de Dugny – du groupe belge Lhoist – construits en 1928 ! C’est là qu’ils transforment le calcaire extrait du sol, en chaux, par le processus de calcination (opération par laquelle on modifie la structure d’un corps en la soumettant à une forte température). La chaux qui est un matériau que l’on peut utiliser aussi bien pour la sidérurgie, que pour faire des enduits et mortiers en Construction, ou corriger l’acidité d’un sol en agriculture ! Un matériau très important donc, qui a l’apparence d’une poudre blanche.

J’ai ensuite fait une halte à Verdun, où j’ai mangé une pizza en terrasse (c’est mieux pour pouvoir surveiller le matos). Je me serais bien arrêté visiter Verdun, histoire de faire hommage à nos poilus et à la terrible bataille qui sévit ici en 1916, faisant environ 700 000 morts. Mais il fallait que j’avance… Donc j’ai seulement traversé la ville. De ce que j’ai vu, le centre-ville avait l’air joli. Ce n’est pas une grosse ville (40 000 habitants), mais c’est bien sûr très chargé en Histoire !
Je suis reparti en début d’après-midi, comme souvent sous un ciel de plomb, et j’ai poursuivi plein Nord, dans la campagne. C’était essentiellement un mélange de petites routes et de départementales, rien de spécial à voir. J’étais fatigué en milieu d’après-midi, ça cognait grave, j’étais un peu en surchauffe. Heureusement, le camping que j’avais choisi s’intitulait « camping du lac vert ». « Lac vert », ça sonne plutôt bien : rafraîchissant et joli (vert émeraude pourrions-nous dire) ! Quelques kilomètres avant d’arriver au fameux camping, je suis passé devant un autre camping, petit, et au bord de la route. Là, j’ai parlé à un motard (look de motard : barbe, tatouages, débardeur, ventre à bière), qui m’a dit que si je souhaitais avoir du calme, il était préférable pour moi de m’arrêter à ce petit camping. Or, je me disais que je n’étais pas contre un camping un peu animé pour changer, où il y aurait une ambiance de vacances ! Je suis donc reparti, j’ai fait les derniers kilomètres en transpirant comme un forcené, et là… CRAC ! Grosse désillusion ! Lac vert mon cul ! Un vieil étang pourri, tout vert certes, mais vert vase ! C’est-à-dire ni rafraîchissant, encore moins joli !
Quant au camping, qui mériterait un article à lui seul, je me contenterai de le résumer avec ses quelques mots : un bon camping de beaufs ! Sans rentrer dans les détails, on dira simplement que ce n’est pas mon style ! C’est sans doute l’ambiance du Ch’nord, comme on dit !
Bon, rien de bien spécial ce soir, une bonne douche (pshhhhhhhhhhh, « ahhhhhhhhh »), j’ai bu un Picon bière (mais ultra fort, sérieux !) en observant les gens autour de moi, j’ai mangé un morceau de chien (c’est une expression), puis j’ai décidé d’aller au lit après un bout de film. Pas trop tard car j’ai besoin de dormir ! Mais, pas facile de s’endormir quand les vacanciers chantent « à la queue-le-le » ! Enfin bon, sans commentaires…
Lundi 13 juillet, Charleville-Mézières (Ardennes, département 08) – JOUR 14

– Nan nan, c’est l’effet « cache-yeux », tous les matins c’est pareil ! »
Matinée très sympa dans la campagne qui s’éveille, de bien jolies petites routes aussi bien au milieu des champs que dans la forêt. Et des routes très peu fréquentées par les voitures (j’ai croisé plus de vaches que d’habitants dans ce coin-là !), ce qui signifie que même si l’EV19 se compose de départementales essentiellement, ce n’est pas si désagréable à parcourir ! Des fois, on souhaiterait qu’il y ait moins de détours pour aller d’un point A à un point B, mais comme dirait l’autre : une route, c’est toujours mieux que pas de route !
Après avoir acheté des framboises fraîchement cueillies sur la route, j’ai traversé la Meuse et me suis arrêté les manger à Mouzon, où j’en ai profité pour acheter de la crème solaire (indispensable !).


J’ai repris mon chemin, roulé une quarantaine de minutes à travers la campagne, puis suis arrivé à Sedan, où j’ai encore mangé une pizza ! À l’entrée de la ville, je suis passé devant le stade de foot, connu des adeptes !

Après le repas, j’ai fait un petit tour dans le centre, et j’ai été assez surpris par une forme massive : il s’agit de l’énorme château fort à Sedan, construit au début du 15ème siècle, agrandi et renforcé plusieurs fois derrière. Ce château fut occupé pendant 320 ans par l’armée entre, 1642 et 1962, avant d’être racheté par la ville de Sedan cette même année, pour un franc symbolique.

J’ai tracé ensuite, pas grand-chose à signaler mon colonel, et je suis arrivé à mon objectif de la journée : Charleville-Mézières ! Charleville-Mézières, qui est le résultat de la fusion de 5 communes en 1966 (Mézières, Mohon, Etion, Montcy-Saint-Pierre). Charleville (tout court), c’est aussi la ville de naissance d’Arthur Rimbaud (1854 – 1891), un de nos poètes nationaux, à qui l’on doit entre autres Le Bateau Ivre, dont l’intégralité des 100 vers sont retranscrits sur une fresque, peinte sur un des murs de l’Hôtel des Impôts à Paris 6, le long de la rue Férou.
A Charleville-Mézières, je dors au camping de la ville. Qu’ils ont modestement appelé camping « du Mont Olympe ». Pour le coup, il n’est pas en hauteur ! Un 4 étoiles, mais qui semble un peu triste, avec 2 sanitaires sur 3 fermés, pas mal d’emplacements vides, la piscine non utilisable, apparemment pour restrictions sanitaires… À mon avis tout ça est du grand n’importe quoi ! L’avenir nous le dira !
C’est bien dommage en tout cas, je me serais volontiers dégourdi le dos avec un petit crawl… Tant pis, je ferai les mouvements sur mon vélo demain !

Après avoir monté la tente, je suis retourné en ville : j’avais en effet besoin de recharger mes stocks de nourriture. Direction Décathlon donc, pour la partie « lyophilisée ».
C’est assez cher, il faut le reconnaître, c’est 6€ pièce (en gros) le repas. C’est pas mauvais, c’est vrai, mais c’est pas donné non plus ! Ca permet de changer du pain, fromage, charcuterie. Je ne suis malheureusement pas équipé pour me faire des ratatouilles ou des salades, mes seuls légumes (hors restaurant) se limitent aux concombres en gros… Parce que la charcut’ ou le fromage, c’est pas ouf pour la santé, ne pas l’oublier ! Surtout quand on fait du sport, ça a tendance à ballonner un peu le ventre je trouve…
Ce passage à Décat’ m’aura permis de traverser la ville, qui a l’air assez jolie comme ça.
De retour au camping, j’ai fait ma toilette, je me suis changé (enfin, j’ai mis mon unique autre t-shirt), et j’ai discuté avec un groupe de doubistes (les habitants du Doubs) qui faisait un voyage jusqu’à Amsterdam, mi-vélo mi-voitures. Je suis ensuite reparti à vélo dans la ville, pour y boire mon panaché, sur la place Ducale.
J’aime bien me rendre sur les places. Etant le cœur, ou le centre historique de beaucoup de villes, elles contribuent à leur rayonnement, aussi bien pour leurs habitants que pour les potentiels touristes. C’est là qu’aboutissent en général les rues principales, et souvent on y trouve des restaurants et des bars, lieux de rencontres, de rendez-vous et de plaisirs.
Donc c’est important d’avoir une place qui pèse pour attirer du peuple. Et la place Ducale est bien jolie ! Blindée de monde, c’est sympa je trouve, toute cette activité. Moi qui passe mon temps seul sur mon vélo, il est tout à fait plaisant de voir du monde, même si je ne discute avec personne. Sauf avec moi-même, notamment quand il y a du vent, j’aime bien me plaindre hi hi hi.
C’est bien plus difficile de rencontrer du monde en ville que dans un camping je trouve. Enfin bon.

Apparemment il y a le feu d’artifice ce soir, mais j’ai un peu la flemme. J’ai refait encore un tour de vélo dans la ville (de nuit cette fois), ça ira donc pour la journée !
J’ai rencontré un couple de jeunes belges de mon âge au camping, ils m’ont conseillé de continuer sur l’EV19 jusqu’à Dinant, en Belgique (à ne pas confondre avec Dinan en Bretagne !), car il y a une jolie citadelle à voir. Et puis, toujours d’après eux, on longe la Meuse, qui a fini par créer des gorges, ce doit être sympa ! J’ai décidé de suivre leur conseil, car comme déjà indiqué, j’ai la chance de pouvoir adapter mon itinéraire un peu comme je le souhaite. Objectif Belgique demain, une fois !
Mardi 14 juillet, Givet (Ardennes, département 08) – JOUR 14
Bien fatigué aujourd’hui ! J’ai plus de jambes ! On n’a pas atteint la Belgique au final, on s’est arrêté juste avant le frontière, à Givet. Avec la pluie, la grisaille, ce village a l’air d’un morose ! Tout triste…
Je dis « on », car à force de se doubler et redoubler avec les 2 belges (flamands) que j’ai rencontrés hier au camping, on a eu la bonne idée de faire la reste du trajet ensemble. Ça semblait assez évident, en fait ! Autant être à plusieurs !
Trop les morts, vers la fin de journée j’ai réussi à perdre mes lunettes ! Je les avais laissées sur mes sacoches quand on a fait une pause, et en repartant j’ai oublié de les reprendre. Classique, et en plus ce n’est pas la première fois que ça m’est arrivé depuis que je suis parti ! Sauf que cette fois, elles ont fini par tomber, forcément, et je m’en suis aperçu trop tard. J’ai quand même rebroussé chemin, sur une dizaine de kilomètres, en me convainquant définitivement qu’un vélo de cyclotourisme, même sans sacoches, c’est pas un vélo de course ! Ne les ayant pas retrouvées, je suis rentré bredouille (ou plutôt, broucouille !) !
C’est dommage, car c’est absolument indispensable d’avoir des lunettes, en premier lieu pour éviter de choper des moucherons ou autres bestioles, et également pour le soleil. Petite anecdote, je me suis chopé une infection à l’œil une fois, en faisant du vélo’v à Lyon. Je roulais peinard, sans lunettes (car je faisais du vélo de ville), et soudainement je me suis chopé un moucheron dans l’œil droit. Et PAF !, le lendemain, en pleine réunion au boulot, direction ophtalmo, j’avais fait une kératite, c’est-à-dire une inflammation de la cornée… Arrêt maladie, enfermé dans le noir car la lumière faisait mal à mon pauvre œil (qui ressemblait à un steak, bien saignant). Enfin voilà, c’était pour la petite anecdote sur l’importance des lunettes…
On est passé sur la fin de journée devant la centrale nucléaire de Chooz. Enfin j’y suis passé 3 fois devant, à cause de mes lunettes perdues (souvenez-vous : quand on n’a pas de tête, on a des jambes !). Le chemin était sympa sur la fin, une route en enrobé dans la forêt, avec des montées et des descentes qui amusèrent les plus foufous d’entre nous, c’est-à-dire moi-seul !

Après réflexion, la route était plutôt bien sympa depuis Charleville ! Je ne m’attendais pas à ce que les Ardennes soient si vallonnées, dans mon imaginaire c’était uniquement une forêt plate… Comme quoi, il n’y a rien de mieux que le voyage pour apprendre !
J’ai vu quelques jolis ponts qui enjambaient la Meuse, dont un sous lequel j’ai déjeuné et essayé de faire la sieste. A un moment donné, la route s’est enfoncée dans la forêt, en longeant une voie ferrée. C’était cool (malgré la pluie) ! Un peu frisquet, j’ai dû enfiler mon Gore-Tex (pour éviter de mourir).


Après s’être installé dans un camping miteux, il faut bien le reconnaître, on s’est fait un resto, malgré la pluie.
Même quand le repas n’est pas terrible, on l’apprécie, du moment qu’on a suffisamment de kilomètres dans les jambes !
Demain je pense que je vais les accompagner mes copains belges jusqu’à Dinant, et ensuite je verrai ce que je fais !
[…] histoire. Il était temps que ça arrive tout de même, de co-pédaler une journée complète (dans les Ardennes, j’avais seulement roulé en fin de journée avec les amis belges), plutôt que de rouler […]
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[…] Ça fait partie du voyage, donc ça passe de façon moins terrible que ce que j’ai ressenti vers Saverne, en Picardie et au bord de la côte normande […]
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