Samedi 1er août 2020, Domfront (Orne, département 61) – JOUR 25
Figurez-vous que je suis dans le camping municipal d’un petit village, perché au sommet d’une colline, dont le Château a vu passer des personnalités telles qu’Aliénor d’Aquitaine ou Richard Cœur de Lion. Je suis, je suis ? Je suis Domfront, comme en témoigne bien le titre du jour ! Bravo à ceux qui ont réussi…
Avant de parler de cette bonne journée à travers la Suisse normande, faisons un petit retour sur la ville de Caen, que j’ai visitée hier, sous un soleil de plomb (c’était bien la canicule !).
Caen, qui a malheureusement « pris cher », comme on dit, pendant le Débarquement. Ce qui est fort dommage, quand on sait que beaucoup de ces « bombardements sans discernement » qu’ont subi beaucoup de villes normandes ne sont « pas toujours évidents sur le plan militaire », mais ont plutôt un « impact psychologique » (source : Voldman Danièle. La destruction de Caen en 1944. In: Vingtième Siècle, revue d’histoire, n°39, juillet-septembre 1993. pp. 10-22). C’est une autre histoire…
Caen, ancienne capitale de la Basse-Normandie, est une ville chargée d’Histoire, comme la plupart des grandes villes françaises. On la surnomme, d’après Wikipédia, la « ville aux cent clochers », comme Rouen, ancienne capitale de la Haute-Normandie. Bon, j’ai compté le nombre de clochers, on est bien loin du compte quand même ! Loooool
Pour un touriste lambda comme moi qui souhaiterait visiter Caen, qui comme moi n’a pas un temps infini pour tout visiter, je conseillerais de commencer la visite au nord-est de la ville par l’Abbaye-aux-Dames et le conseil régional (un bien joli bâtiment). Puis de rejoindre le port de plaisance, qui marque le départ du canal de Caen à la Mer. Ensuite, le curieux pourra remonter l’avenue de la Libération jusqu’à l’église Saint-Pierre, puis traverser la rue Montoir Poissonnerie et grimper jusqu’au Château, haut-lieu d’Histoire et de Culture, puisque ses remparts abritent entre autres le Musée de Normandie, le Musée des Beaux-Arts, et l’ancien Donjon, qui fut détruit pendant la Révolution Française. Sur ces mêmes remparts on peut se promener, et admirer la ville en contrebas, ainsi que ses clochers (effectivement nombreux !). Pour finir, le visiteur pourra rejoindre la rue Saint-Sauveur et l’emprunter vers le sud-ouest jusqu’à la place Saint-Sauveur, puis un peu plus loin jusqu’à la place Fontette, en passant devant l’ancien Palais de Justice, pour terminer cette rapide visite devant le très joli Abbaye-aux-Hommes et l’actuelle Mairie de Caen. Si le visiteur a faim, il pourra tester les tripes à la mode de Caen ! Si le visiteur souhaite voir une église tordue, il pourra s’arrêter devant l’église Saint-Jean-de-Caen ! Voilà pour la visite façon accélérée !


Revenons à notre voyage !
Je suis donc parti ce matin de Ranville, sous un ciel gris, la température ayant beaucoup baissé, ce qui fait quand même du bien, n’hésitons pas à le souligner. J’ai longé pour la troisième fois le canal de Caen à la Mer, direction plein sud, à Domfront ! Un canal qui présente aux yeux de ses utilisateurs, dans la portion entre Ranville et Ouistreham que j’ai longée, plusieurs curiosités :
– Le Pegasus Bridge, un pont basculant : comme son nom l’indique, le tablier bascule à l’aide d’un poids, et laisse ainsi passer les navires en-dessous (le très connu Tower Bridge de Londres fonctionne sur ce principe).
– Le joli Château de Bénouville, construit à la fin du 18ème siècle.
– Le viaduc de Calix, ouvrage sur piles, deuxième plus grand pont après le Pont de Normandie (que j’ai traversé ici).
Poursuivons le récit depuis Caen, que j’ai rapidement traversée car je m’y étais promené hier.
A la sortie de la ville, j’ai croisé un cycliste, également équipé de sacoches, qui était arrêté et avait l’air de chercher son chemin. « Sans doute un scandinave », me suis-je dit en l’apercevant, tant sa peau était blanche. Deux autre cyclistes qui me précédaient s’étant arrêtés pour l’aider, j’ai tracé ma route, le long de la voie verte.
Une voie verte sympa, la Vélo Francette, itinéraire qui relie la Normandie à l’Atlantique, de Ouistreham à La Rochelle, sur 600 km.
Autant vous dire que je ne m’attendais pas à ce type de paysages en Normandie ! J’ai d’ailleurs pris connaissance du terme « suisse normande » ce jour même. Dans mon imaginaire individuel, la Normandie était plutôt plate, côte maritime très proche oblige (mis à part les falaises, vous l’aurez compris !). Et bien non ! C’est donc agréablement surpris que j’ai longé l’Orne, vers le Sud, en découvrant un paysage de plus en plus montagneux, et une route en pente montante légère. Cette partie de la voie verte longe une ancienne voie ferrée, et on peut voir les vestiges d’une activité industrielle (minière), aujourd’hui disparue, régulièrement sur notre chemin.
Je trouve cela fascinant, les vestiges industriels. Pour moi c’est vraiment synonyme de prospérité, de gloire d’antan, et ça joue sur mon côté mélancolique d’artiste… Bah quoi, on peut avoir un diplôme d’ingénieur et avoir une fibre artistique non ?


J’ai fait halte à Clécy, très joli village à l’ancienne, avec de belles maisons. J’ai fait quelques courses, et j’ai mangé des pâtes sur une table de pique-nique sur la place, c’était bien sympa.
Clécy, village qui accueille le Musée André Hardy (1887-1986), peintre impressionniste qui œuvra beaucoup en suisse normande.

Je suis reparti, un peu endormi comme souvent juste après manger (pas de sieste cette fois-ci !), à travers les paysages vallonnés de la suisse normande. Il est même proposé à certains endroits de faire du parapente, c’est pour dire comme c’est vallonné !
Après plusieurs kilomètres, je suis arrivé à Pont d’Ouilly. Et qui ai-je vu ? Notre ami à la peau blanche, qui était arrêté et avait l’air de chercher, une fois encore, son itinéraire. Je me suis donc approché de lui et j’ai engagé la conversation, pour m’apercevoir rapidement avec son accent qu’en réalité, il était anglais ! Vu de plus près, il avait la vraie tronche d’anglais, comme on dit ! J’ai eu l’occasion de les fréquenter un peu nos amis britanniques, quand j’avais fait 2 mois et demi de volontariat, en Angleterre, après mes études. Donc je les reconnais facilement maintenant hé hé hé.
Bref, on a discuté un peu, et on s’est aperçu que l’on avait le même objectif, qui était le camping municipal de Domfront, et que lui connaissait déjà pour y avoir été quelques années plus tôt ! Ça alors ! Je lui ai donc proposé qu’on fasse la deuxième partie de voyage ensemble, mais il m’a dit qu’il devait se reposer un peu, car il n’avait toujours pas fait de pause déjeuner, et qu’on se retrouverait en fin de journée ! Alright sir !
On a fini la conversation sur le meilleur itinéraire à prendre pour rejoindre Flers, car au niveau de Pont d’Ouilly, 2 itinéraires s’offrent à nous : par Condé-sur-Noireau à l’ouest, ou pas le rocher d’Oëtre à l’est… Comme je ne connaissais ni l’un ni l’autre, et que le GPS indiquait un temps de parcours quasi identique, j’ai opté pour l’itinéraire qui présentait le plus gros dénivelé, c’est-à-dire par le rocher d’Oëtre. J’ai donc salué mon futur camarade de camping, et suis reparti à l’aventure !


Rien que sur cette portion de route, de Pont d’Ouilly jusqu’à Flers, on a 357 mètres de dénivelé pour 31,3 km de parcours. Ça peut ne pas paraître énorme, mais ça représente un paquet de montées et descentes, c’est moi qui vous le dis ! Surtout avec les bagages ! Mais c’est ce qu’on aime quand on est jeune et en pleine forme ! On ne fait pas dans la facilité ! D’autant que la route était magnifique, il faisait super beau, avec comme bonne surprise le fameux rocher d’Oëtre, que je ne connaissais pas, et qui vaut quand même le détour ! En effet, une vue magnifique s’offre aux touristes, sur la forêt qui s’étend à perte de vue (le rocher étant en « altitude », le panorama en est d’autant plus impressionnant !). J’ai fait une courte halte sur le rocher, pour me dégourdir un peu les jambes, car ça commençait à tirer pas mal !

J’ai finalement rejoint la petite ville de Flers, que je n’ai pas traversée – car voyez-vous, je commençais à en avoir un peu marre – pour entamer la dernière partie du voyage, qui était « enfin » une voie verte comme on les aime, c’est-à-dire un chemin assez rectiligne sur 22 km, presque parfaitement plat ! Ça permet d’aller vite !
Enfin arrivé au pied de Domfront, il a fallu grimper jusqu’au sommet, la ville de Domfront ayant été construite sur la cime du rocher, sans doute pour apercevoir les ennemis arriver de loin ! Cette dernière difficulté faite, on redescend jusqu’au camping municipal, bien charmant, et on peut enfin apprécier la fin de journée après ces 119 km d’efforts !
J’avais une dalle, je ne vous raconte pas ! Après avoir monté le campement, j’ai filé faire des courses au carrefour Market, où j’ai aperçu le vélo de mon collègue anglais, qui a eu apparemment la même idée que moi, et que j’ai croisé dans le magasin ! Comme souvent quand on fait les courses en ayant la dalle, j’ai acheté à peu près 2 fois trop de nourriture (la peur de manquer !), mais je sais que ce ne sera pas perdu !
De retour au camping, grosse douche, puis je suis parti visiter un peu le village. C’est très joli ces anciens villages tout en pierres, il y a vraiment une ambiance de sympathie je trouve, propre aux petites densités de population. J’ai fait un tour dans l’église locale, qui possède une architecture qui ne m’est pas familière du tout, c’est peut-être dû au fait qu’elle a été construire seulement en 1926 ?


Sinon, après la petite promenade, j’ai quand même bu mon coup habituel du soir, sauf que cette fois j’ai eu droit à la spécialité locale, dont les habitants ont l’air très fiers : c’est le fameux Poiré Domfront (AOP depuis 2006) ! Une préparation ancestrale alcoolisée, à base de poires locales, qui doit contenir au minimum 40% de la variété Plant de Blanc, la variété de poire reine selon les spécialistes du coin. Pour information, on dénombre 90 variétés de poires à Poiré, et 30 d’entre elles sont sélectionnées pour le Poiré Domfront AOP. Ce sont tout de même 100 000 poiriers à Poiré, pour environ 25 000 tonnes de poires produites, qui se concentrent dans le Domfrontais, un verger à poires unique en Europe ! Toutes ces informations sont tirées du site officiel du Poiré Domfront !
Quand on sait cela, on apprécie encore plus le fameux breuvage, qui est servi dans un verre à pied ! Alors ce n’est pas mon cas, car je me renseigne sur ce que je visite seulement après coup, car ça demande beaucoup de temps ! Mais je le fais avec plaisir, si je peux modestement faire découvrir des choses aux lecteurs, c’est gagné !
Pour en revenir au contenu de mon verre, moi qui suis un amateur de cidre, je trouve le Poiré plus fin de goût que le cidre, de même que je trouve la poire plus goûtue que la pomme, de manière générale (ça dépend des nombreuses variétés, nous sommes d’accord). Mais il faudrait faire une dégustation digne de ce nom pour discerner tous les arômes subtils de ce breuvage local d’une grande clarté.

De retour au camping, j’ai finalement retrouvé Steve (qui est notre ami cycliste anglais mentionné plus haut), ainsi qu’un cyclotouriste lyonnais, Pierre, qui s’est joint à nous pour le dîner. Ça tombait bien, Pierre avait une bouteille de rouge dans ses bagages ! J’ai juste goûté, parce que je n’avais pas envie de trop me soûler, mais c’est bonne ambiance ! C’était bien sympa, on a discuté de nos parcours respectifs, de la France, de l’Angleterre, de nos vies, de la Vie, puis chacun est parti dans sa tente se reposer le cerveau et les cuisses.
Après avoir fait la vaisselle, j’ai croisé un jeune – Mehdi qu’il s’appelle – qui galérait pour monter sa tente, et qui de toute évidence venait d’arriver, malgré l’heure tardive (environ 22h00). On a discuté rapidement, et j’ai appris que ce jeune homme traversait la France, comme moi, mais à pieds, lui ! Comme quoi, tout est permis, tout est possible !
Demain, direction plein ouest, vers le Mont Saint-Michel !!
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[…] donc traversé la suisse romande (et non pas la suisse normande dont je parle plus tard) pour rejoindre le Jura, et le traverser au niveau de Baulmes, par le col […]
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[…] mon périple plus facilement qu’avec mon clavier de smartphone ! C’est Steve, l’anglais que j’avais rencontré à Domfront, qui faisait pareil. Je lui ai piqué son idée hé hé hé ! S’inspirer des bons côtés des […]
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